Cette contribution a pour objet l’étude des imbrications entre genre, classe et race et de leurs réarticulations telle qu’elles se sont déployées dans une émission télévisée italienne à grand succès, Carosello, diffusée entre la fin des années 1950 et la moitié des années 1970. Une telle analyse sera menée à travers les outils théoriques et politiques élaborées par différentes théoriciennes féministes francophones qui ont étudié et pensé les articulations entre sexisme, racisme et classisme. Je m’appuierai notamment sur les travaux de Colette Guillaumin, de Paola Tabet, de Elsa Dorlin et de Sirma Bilge. L’étude de la construction raciste et sexiste du corps et de la psychologie des femmes protagonistes de l’émission (femmes de ménage et femmes au foyer) me permettra d’esquisser les spécificités d’un nouveau dispositif discursif et visuel concernant les rapports de sexe, de classe et de race qui a émergé en Italie au moment du boom économique et qui s’inscrit, par des nouveaux moyens, dans la continuité de l’idéologie patriarcale et raciste qui a caractérisé l’Italie depuis l’unité nationale. Faire émerger les stratégies caractérisant l’idéologie raciste et sexiste italienne des années 1950-1960, avec notamment l’opprobre pour la sexualité dite “interraciale” et la fabrication genrée et racisée du « corps de la Nation », aspire à contribuer à l’émergence d’une histoire féministe et intersectionnelle de l’édification de « la Nazione » (Nation-building).